Le rap de KABAL



KABAL TOUR 2012

 


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Discographie et tournées KABAL.


1993 à 1996 :
* Maxi "Fou à nier" (2 titres)
* 'Fou à nier' sur la compilation "Pleins phares sur le 93000"
* 'De la N' sur la compilation "Tchatche Attack"
* Participation à 'L'Underground s'exprime vol.1' sur le maxi "L'Odyssée suit son cours" d' Assassin
- TOURNEE 1995/1996 : « L’Homicide Tour » ASSASSIN. Tourneur CORIDA
Sur scène avec Dj Toty (Kabal) Djamal et D’, Rockin Squat dont Printemps de Bourges Bourges avec Cypress Hill, Terminal export, Liège La chapelle, Reims L’usine, La CIGALE Paris 2 dates, La Laiterie Strasbourg, les Clayes sous Bois Claycibels, Pau Parc expo, Florida Agen ; Bikini Toulouse, Rockstore Montpellier, Aéronef Lille, Zénith Toulon première partie de Noir Désir, 2 Zénith avec Zebda, Dour Festival …
1996 à 1998 :
* EP "La Conscience s'élève" (5 titres + Intro + 2 instrus et 1 a cappella) Assassin Production






* 'De par les yeux d'un disciple' sur la compilation "Radio rap 3"
* Le Traquenard, Namor feat. Kabal, Starflam & Rockin Squat sur "Bienvenue dans le Traquenard"



- TOURNEE KABAL 1997/2000 Tourneur SRIRACHA
Juvénicide Tour (environ 60 dates), en formation basse (Professor K), batterie (Franck Vaillant), guitare (Skalpa ex Lofofora), DJ Toty + 3 voix : Djamal, D’ et Boss Raw dont Découverte printemps de bourges, La Cave à Musiques Macon, Bataclan avec Lofofora, Krakatoa Bordeaux, Festival Jarny, Belgique, Besançon, Roubaix, Marseille, Montpellier, Creil Grange à musiques 











* 'Mic Smoking', Starflam feat. Kabal, CNN, Ménage à 3, Rockin' Squat sur l'album de Starflam.
** « 11'30 Min Contre les Lois Racistes »* au bénéfice du MIB / (100 000 exemplaires)
**Assassin sort en 45T "Légal ou illégal Live "Vinyl 01 - (Feat. Kabal, Papa Ours) (Live A Lille)
1998
** Kabal dans le maxi d'Assassin L'Académie mythique (Pyroman, Radikal Kicker, Rocking Squat.)
**Album "Etats d'âmes" Autoproduit Distrib Media7 feat Boss Raw, Doudou Masta, Melaaz, Rockin Squat, et Marc Ducret Guitare.



**Compil 1 Inédit "Chronique d'une Patrouille" Sorti dans "Groove " magazine. Cd
* 'L'Academie mythik', Assassin feat. Kabal, Pyroman, Radicalkicker & Air 1 sur le maxi "Wake up" d'Assassin
- Tournée LOFOFORA / KABAL 1998 Tourneur SRIRACHA : Une dizaine de dates en duo sur un plateau Lofo Kabal !
**Split Kabal / Lofofora "La Bête" + "Grand et Fort" Sri racha Prod / Cd VPC et plus produit sur album.
1999
**Participation de KABAL à PMGBO Freestyle de l'album DUR COMME FER DE LOFOFORA *
**Split Kabal sort son inédit Vynilique "Le Dormeur du val" + Underground Society (Metal)/ Diabolik Prod. Vinyl
**Djamal, D' et Spike enregistrent l'album « LOS INCONTROLADOS »*. Enregistrement / concert au festival Son d'hiver.
**Participation de DJAMAL dans l'album de LA CALCINE 'Des Maux s'insèrent" Interlude Mytho et BRIGADE*

2000
KABAL participe à de multiples projets avec « les Périphériques » compagnie de théâtre et de réflexion , avec « Los incontrolados » un collectif Jazz (Sylvain Kassap, Marc Ducret, Tony Hymas, Marc Sanders;Benoit Delbecq, Hélene Labarriere,Guillaume Ortie...) avec Pertubation, Bossraw, Antagony, Otopsia qui débouchera sur un concert complet au festival Sons d’hiver.

Voir le detail de D' de Kabal en solo et Djamal en solo ici :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Kabal_%28groupe%29
Influences
Retrouvez D' ici :
https://www.facebook.com/d.dekabal
Et Djamal ici :
https://www.facebook.com/Djamal.Kabal.Invivo.Sociopathe



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KABAL

I Biographie
L'histoire de Kabal démarre en 93, quand D et Djamal, jeunes habitants de Bobigny, commencent à maquetter sur un quatre pistes qu'on leur avait prêté. Ils posent leurs voix sur des instrus d'Ice T, et rencontrent rapidement Professor K et Timour K, avec qui ils vont collaborer sous la forme artiste/studio et devenir de plus en plus proches. Les quatre premiers titres de Kabal furent 'La chasse est ouverte', 'Réflexion autour de la N', 'L'inceste' et 'Fou à nier', enregistrés au Jungle Studio Station des deux K.

Dans le même temps, des amis des deux mc's intègrent Kabal : Yo, qui deviendra le manager du groupe, Toty, qui sera le DJ officiel et qui ne tardera pas à produire des morceaux, ainsi que Shab.z, le futur régisseur. La formation renforcée décide alors d'autoproduire et de distribuer son premier maxi vynile, "Fou à nier et De la N", avec Prof K pour les prods. Le premier titre était destiné à une compil enregistrée à l'initiative de la mairie de Bobigny, 'Pleins phares sur le 93000'. Le second, apparaîtra deux ans plus tard, dans une version remixée, sur le mythique "Tchatche Attack".

Au cours du travail en studio, Kabal rencontre Doctor L, alors concepteur musical d'Assassin. Celui-ci, après écoute, promet de revenir plus tard accompagné de Rockin' Squat, qui ne restera pas insensible au style kabalistique, et proposera au groupe de produire un maxi 4 titres, ainsi que de l'accompagner sur sa future tournée. C'est le début de l'aventure Assassin : une participation sur le premier volet de "L'underground s'exprime", "L'Homicide Tour", soit plus de 60 dates de concert en 96, puis pour finir la sortie de "La Conscience s'élève", la même année, 6 tracks finalement. Un EP marqué indéniablement du sceau Assassin productions.

L'année suivante, 1997, Mashop assoc, la structure légale de Kabal prend forme : créée au départ pourproduire et promouvoir le groupe, elle s'est enrichie des différentes expériences de celui-ci et entreprend bientôt de proposer ses services à d'autres formations ou mc's de Bobigny, tels qu' Otopsia, Antagony ou Boss Raw.

Le groupe booke sa première tournée seul avec 10 dates trouvées à partir du téléphone de la mairie de Bobigny. Il y'aura aussi durant cette année une participation au freestyle pour le MIB, '11'30 contre les lois racistes'. Puis sort "Etats d' âmes", début 98, en Licence chez Media 7. 19 titres, parmi ce qui s'est fait de mieux dans l'histoire du rap français. On compte comme invités Rockin' Squat, Doudou Masta, Melaaz entre autres.

Le groupe rencontre ensuite l'équipe Sri Racha, qui allait devenir son tourneur, en étant déjà celui de Lofofora, avec qui Kabal se trouvera forcément des affinités sur le fond. La forme s'en rapprochera elle aussi, car sur "Etats d' âmes Tour", on comptera un guitariste, un bassiste et un batteur pour accompagner la formation de Bobigny, completée par Boss Raw. Il y'aura près d'une centaine de dates jusqu'en 99, et la fin de la tournée. Un album live sera même enregistré à Sannois, mais n'apparaîtra jamais dans les bacs.
Dans la foulée se prépare l'enregistrement de l'album de Perturbations, collectif que D, Djamal et Toty forment avec Antagony, Otopsia, Byl K et Boss Raw. Celui-ci ne verra pas non plus le jour, et Perturbations, consideré comme le prolongement de Kabal, se désagrégera, faute de débouchées et de budget. Ceci sonne le glas de l'aventure, les différents membres du groupe vaquant ensuite à leurs occupations, musicales ou non, chacun de leur coté.

II Discographie
1993 : - Maxi "Fou à nier"

1994 : - 'Fou à nier' sur la compilation "Pleins phares sur le 93000"
- 'Moche est Boboch', Boss Raw feat. Kabal sur "Pleins phares sur le 93000"

1995 : - 'De la N' sur la compilation "Tchatche Attack"
- Participation à 'L'Underground s'exprime vol.1' sur le maxi "Shoota Babylone" d'Assassin

1996 : - EP "La Conscience s'élève"
- De par les yeux d'un disciple sur la compilation "Radio rap 3"
- Le Traquenard, Namor feat. Kabal, Starflam & Rockin' Squat sur 'Bienvenue dans le Traquenard'

1997 : - 'Mic Smoking', Starflam feat. Kabal, CNN, Ménage à 3, Rockin' Squat sur l'album de Starflam.
- "Participation au freestyle pour le MIB '11'30 contre les lois racistes'

1998 : - Album "Etats d'âmes"
- Maxi avec Lofofora "Grand et fort/ La bête"
- Maxi "Dormeur du Val/ Versus Underground society" (groupe de rock)
- 'L'Academie mythik', Assassin feat. Kabal, Pyroman, Radical Kicker & Air 1


1°maxi : Fou à nier/De la N (1993)


Sorti en 93 et diffusé à 1250 exemplaires vinyles, ce maxi pose de manière un peu grossière les bases de Kabal. L'introduction donne le ton : "Bienvenue dans l'univers psychique inconscient des schizophrènes paranoïaques". Et la suite ne la contredit pas : c'est un euphémisme de dire que Fou à nier est barré, tant il ferait passer les rares mc's français ayant touché à l'horrorcore pour des petits chanteurs à la croix de bois.

Djamal et D prennent tous les deux leur voix la plus sinistre (le second ne la quittera plus) pour nous conter les réflexions du malade mental dont ils endossent la camisole maculée de sang. Avec un refrain tantôt hurlé, tantôt murmuré de façon quasi obsessionnelle : "moi je sais, moi je sais, qu'ils veulent nous éliminer, mais nous restons bien à l'aise dans notre HP...". La prod, minimale, est complétée par des grognements divers, ainsi que par les scratchs hypnotiques de Toty. Le tout s'assemble tellement bien que l'on fini par croire que les deux rappeurs sont réellement dingues.

Néanmoins, lorsqu'on écoute plus attentivement le morceau et qu'on se penche sur le texte, on remarque qu'il dissimule habilement une réflexion qui prendra un relief plus conséquent cinq ans plus tard, à l'écoute du 'Dormeur du Val': l'hôpital psychiatrique n'est qu'une façade pour évoquer un profond mal être, l'incapacité à s'identifier à une société dont le système de valeurs semble souvent aussi rigide qu'inapproprié :"pourquoi tout le monde dans mon entourage, n'a d'yeux que pour l'école, que pour les meufs ?"

Le second morceau, 'De la N' est nettement moins barré, tout du reste au niveau du texte, car le flow reste toujours autant imprévisible, calme et posé, puis soudain gueulard et quasi-hystérique, bref, tout sauf monocorde ou ennuyeux. Le thème évoqué est plus classique, mais la force de Kabal ne réside pas uniquement dans sa créativité, mais également dans une capacité d'analyse et de réflexion certaine : le gouvernement et la police sont clairement visés, et si aujourd'hui quelques unes des idées exprimées peuvent sonner comme maintes fois entendues, on ne trouvera pas de trace d'autres rappeurs ayant fait référence à Kant dans leurs textes, ou encore ayant présenté un raisonnement construit quant au rôle de l'état dans un pays. La prod, dans la même veine que celle de 'Fou à nier', laisse une place importante à l'imagination de Djamal et de D, qui nous gratifient d'une version très personnelle du 'Non, je ne regrette rien' d'Edith Piaf.

Ce maxi, pour les rares chanceux qui le possèdent, fait figure d'ébauche du style kabalistique, et c'est indéniablement un coup de maître que réalise la formation de Bobigny, en apportant une fraîcheur toute relative au paysage du rap français de l'époque, commençant alors à se ternir du fait de la domination sans partage du trio NTM-IAM-Assassin.


La conscience s'élève (EP-1996)


Après avoir accompagné Assassin sur l'Homicide Tour, Kabal sort son EP chez Assassin prod, en 1996. "La Conscience s'élève" surprend tout de suite par sa pochette, exhibant un bébé grimpant, son nounours à la main, sur une chaise électrique. On se dit alors que Kabal n'a pas modifié sa ligne de conduite depuis 'Fou à nier', que les années n'ont pas érodé le concept, à la fois violent et conscient, du groupe de Bobigny.

Malheureusement, à l'écoute du track 'La Conscience s'élève', qui succède à une intro pour le moins intrigante, on ne peut que s'inquiéter : sur une prod d'un Doctor L resté visiblement enfermé dans l'univers de "L'homicide volontaire" (tempo très lent, boucles planantes), on met quelques secondes à réaliser que l'on a bien à faire à Kabal, et non pas à Squatt : Djamal a pris la voix mielleuse qu'adoptait alors souvent le Funky Babtou, et le thème, le racisme, est traité avec la condescendance mythique de l'académie du même nom.

On passe rapidement au titre suivant, 'Le Cercle', qui nous réconcilie immédiatement avec les mc's : ils y retrouvent effectivement leurs flows, si habilement maîtrisés. Toty brille à la prod et aux platines, et l'on replonge dans l'univers glauque et oppressant du premier maxi. S'ensuit le chef d'œuvre 'De par les Yeux d'un Disciple', où Djamal et D nous présentent le concept kabalistique : "J'ai des yeux pour pleurer mais aussi pour voir, et rattraper la bonne voie si jamais je m'égare". L'instru d'un Doctor L renouvelé fait intervenir tantôt des boucles de piano s'assemblant à la perfection, tantôt des riffs de guitare électrique pour souligner le refrain, sans oublier les changements de beats, ces derniers ayant tous pour constante d'être très lourds. Ce titre, atterri sur la compil "Radio rap 3" est indéniablement à compter parmi ce qui s'est fait de mieux en rap français : il n'y a absolument rien à jeter, chaque mot, chaque note, contribue à construire un édifice d'une solidité rarement égalée.

Mais on ne pouvait pas maintenir un tel niveau sur deux morceaux d'affilée, et avec Mort de peine, la qualité retombe clairement. Certes, le thème de la peine de mort n'a pas souvent été évoqué, néanmoins, on a sans cesse envie de rappeler au mc's qu'on est du bon coté de l'Atlantique, et qu'elle a été abolie depuis une vingtaine d'années maintenant. De plus, L récidive avec une prod soporifique et plate. Si quelques idées sont à retenir, 'Le Futur meurt en silence' nous contentera plus : on retrouve cette atmosphère sombre, la violence latente et ces analyses fines et exhaustives. La prod de Dawan, assez horrorcore, s'adapte parfaitement à la prestation, teintée d'un humour noir et sarcastique, de D et Djamal.

Cet EP porte indéniablement le sceau d'Assassin prod, où il est sorti. Cela nous empêchera malheureusement de retrouver pleinement l'univers si spécifique de Kabal. Si l'on enlève 'De par les Yeux d'un disciple', on a là l'élément le moins indispensable dans la discographie kabalistique.


Etats d'âmes (1998)


Enregistré en 97, mais sorti en 98, "Etats d'âmes" est probablement l'album le plus abouti de la courte histoire du rap français. De la pochette aux flows, des prods aux textes, de l'intro à l'outro, le seul véritable album de la formation de Bobigny est une franche réussite.

On ne peut qu'admirer la capacité de Kabal à présenter un produit d'apparence hétérogène dont la diversité contribue finalement à créer une ambiance générale plus que consistante.

On renoue par moment avec la violence du premier maxi ('Hostile', 'Apache', 'Fou à nier 2'), puis l'on passe au discours réfléchi de "La Conscience s'élève" ('Juvenicide', 'Masquarade') sans que la transition ne paraisse brutale ou inappropriée. Les flows de Djamal, D et Boss Raw, présent sur 4 morceaux, sont toujours aussi imprévisibles et variés. L'hystérie de 'Fou à nier 2' précède ainsi le ton parlé et plaintif du 'Dormeur du Val'.

L'album regorge de perles : 'Hostile', décrivant l'univers oppressant dans lequel évoluent les mc's, 'Au bord du ruisseau', un manifeste écologiste, ou encore 'Le Dormeur du Val' ou D et Djamal s'identifie au soldat du poème de Rimbaud : "J'ai l'air vivant mais mon amour propre est truffé d'impacts de balles". Et il y'a ces deux monuments du rap hexagonal que sont 'Masquarade' et 'Là bas'. Le premier dénonce l'importance du matérialisme et des apparences dans notre société. On pourrait juger le sujet rébarbatif, mais quand Kabal s'y colle, il prend tout de suite un relief nouveau : "un toit sur ma tête, à manger dans mon assiette, qui s'plaint ?" demande Djamal sur une prod qui sied parfaitement à la fluidité de son flow. Le second, Là bas, est la preuve qu'un morceau de rap peut être excellent même quand le refrain est chanté. Le thème évoqué ici est l'opposition rural/urbain, Djamal jouant le rôle d'un jeune provincial campagnard qui rêve de rejoindre Panam pour vivre comme à la télé, et D gardant son costume de banlieusard éclairé, pour confier son souhait de quitter la métropole afin d'être plus près de la nature. On appréciera cette aptitude à traiter le sujet en évitant les lieux communs, et à esquiver la consensualité en offrant un verdict sans équivoque : "De toute façon, Paris-Province, c'est la meme". La prod, très douce avec ses nappes de synthé et ses cloches en arrière fond, se démarque des sonorités habituellement utilisées par Toty, bien plus lourdes et glauques.
Que dire de négatif sur "Etats d'ames" ? on pourrait, en pinaillant un peu, affirmer que les guitares saturées d' Apache deviennent rapidement pesantes, ou encore que l'on ne comprend rien à l'intervention de Squatt dans 'Le cercle de poètes engagés'. Mais ces défauts sont aussi minimes qu'indispensables pour constater à quel point le reste est immense : "Etats d'âmes" consacre définitivement, à mon humble avis, Kabal comme le meilleur groupe de rap français. La faculté à créer une ambiance propre, due aux flows bien particuliers et aux prods de Toty facilement reconnaissables, était jusque là l'apanage des meilleures formations américaines.

Le skeud a bien vieilli, et l'on retiendra que Kabal est le seul groupe français à avoir su se détacher des influences d'outre atlantique, parvenant donc à affirmer une identité originale. Jusqu'aujourd'hui, on peut aisément soutenir que le phénomène ne s'est plus reproduit.


Maxi Grand et Fort/La Bête avec Lofofora (1998)


En 98, par l'intermédiaire de l'équipe de tourneur Sri Racha, Kabal rencontre le groupe de metal Lofofora. Les affinités apparaissent immédiatement, et les deux formations décident de collaborer le temps d'un maxi "Grand et fort/ La bête".

Même si Kabal a toujours affectionné les sonorités lourdes, on sera tout de même surpris par les facilités qu'ont D et Djamal à se poser de façon très naturelle sur du heavy metal, agrémenté des scratchs de Toty. La voix d'outre-tombe de D se confond même quasiment avec les guitares, au début de La bête, alors que son comparse parvient à garder son flow fluide malgré l'ambiance musicale assez écrasante. Les prestations des deux rappeurs jouissent comme d'habitude d'une parfaite complémentarité, et se placent en rupture nette avec le style très gueulard du chanteur de Lofo.

Les sujets abordés ne diffèrent que peu de ceux habituellement traités par le groupe de Bobigny (ne connaissant Lofofora, je ne peux pas dire s'il en est de même les concernant), et s'inscrivent dans le champ thématique d'une critique acerbe de la société : 'Grand et fort' condamne l'individualisme et la volonté de domination, en développant la métaphore de la fraternité. Néanmoins, ne vous y méprenez pas, il ne s'agit pas là d'une dénonciation pleine de condescendance, mais au contraire d'un pamphlet ironique et très violent. 'La Bête' se situe dans une suite logique, même un peu trop, du premier titre, dénonçant le système capitaliste, conçu là encore comme inhumain et anomique. Si le thème est peu original, on admirera la faculté des intervenants à viser juste : exit la trilogie des grands méchants "flics, fachos, politiques", enfin des gens qui ont compris que ceux qui tirent réellement les ficelles sont les grands patrons (on y croyait plus), et que finalement, tout rebelle que nous pensons être, nous ne sommes que des complices de l'inégalité croissante entre le "Nord " et le "Sud " de notre planète: "des millions d'employés engraissent la Bête énorme qui les dévore, comme ces gosses qui sans cesse bossent en Corée du Nord, pour qu'on puisse se la peter dans nos grosses pompes de sport, et jumper sur du hardcore en gueulant "mort aux porcs".

Si l'on aurait peut être aimé entendre le combo Kabal/Lofofora s'exprimer sur des sujets plus divers, ce maxi n'en demeure pas moins une réussite, la symbiose entre les deux formations s'effectuant avec un naturel assez déconcertant. Cela pouvait aisément laisser présager du futur, et d'une collaboration s'inscrivant dans le long terme, comme In Vivo, le groupe réunissant en son sein Djamal et Farid, guitariste de Lofo.

III Actualité et avenir
D, après avoir participé à la pièce de théâtre "Malcom X " de Mohammed Rouhabi, s'apprête à sortir, dans une certaine confidentialité, son album solo. L'affiche est néanmoins alléchante, puisque D y rappera avec plus de cinq flows et voix différents. Toty a posé des scratchs sur l'album d'In Vivo, et a également monté le label "Wheel up ", avec Dj Kamouflage, où il sortira d'ici peu son premier skeud spécial Dj. Egalement à prévoir sur ce label les projets de jeunes rappeurs de son cru, mais également d'autres, moins jeunes, qui reviennent fort (mystère...). Djamal, comme dit plus haut, fait donc dorénavant partie du groupe In Vivo, en compagnie de Farid de Lofofora, et de Densio, à la sitare. L'album eponyme du groupe est dans les bacs depuis le début de l'année, on y retrouve des invités tels qu'Asia ou Saul Williams. Personne ne sait réelement ce qu'il advient de la Mashop assoc, si elle est toujours en activité...en guise de conclusion, laissons le mot de la fin à Djamal:

"Chacun fait sa route fort de l'experience Kabal, dans les domaines qui lui vont le mieux...
A chacun sa suite. L'esprit Kabal reste présent et a été relayé et compris par un bon nombre de gens. Ce qui ressort de cette histoire, c'est le bon et le bien que l'on s'est donné et le message qui a été véhiculé...il continuera à l'être..."


Un grand merci à Djamal et à Bax pour leur aide à la constitution du dossier...

Informations tirées du site www.abcdrduson.com

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